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mais ces titres étaient accordés par les empereurs, ou bien les citoyens puissans les prenaient d’eux-mêmes comme marque de leur rang et de leur dignité[1], et peut-être de leurs prétentions à une origine pure et patricienne ; mais ce n’étaient que des apparences sans réalité et sans conséquence, qui désignaient un homme, et non point un ordre dans le gouvernement[2] ; ce n’est qu’en 1144 que les actes de la ville commencèrent à dater du rétablissement du sénat comme d’une époque glorieuse. L’ambition de quelques individus ou l’enthousiasme du peuple produisit

    manière un peu vague, de consul et dux et omnium Romanorum senator.

  1. Les empereurs grecs ont donné jusqu’au dixième siècle aux ducs de Venise, de Naples, d’Amalfi, etc., le titre de υϖατος ou consul (voyez Chron. Sagornini passim), et les successeurs de Charlemagne n’abdiquèrent aucune de leurs prérogatives. Mais en général, les noms de consul et de sénateur, qu’on donnait autrefois chez les Français et les Allemands, ne signifient autre chose que comte ou seigneur (Seigneur, Ducange, Gloss.) Les écrivains monastiques se laissent souvent aller à l’ambition d’employer les belles expressions classiques.
  2. La forme la plus constitutionnelle est celle qu’on trouve dans un diplôme d’Othon (A. D. 998) qui contient ces mots : Consulibis senatûs populique romani ; mais l’acte est vraisemblablement supposé. À l’occasion du couronnement de Henri Ier, A. D. 1014, l’historien Dithmar (ap. Muratori, Dissert. 23) représente : A senatoribus duodecim Vallatum quorum sex rasi barbâ, alii prolixa, mystice incedebant cum baculis. Le Panégyrique de Bérenger fait mention du sénat (p. 406).