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Dans un siècle moins mûr pour la réformation que celui de Zwingle, son précurseur fut entendu avec applaudissemens ; un peuple brave et simple adopta et conserva long-temps dans ses opinions la couleur que leur avait donnée Arnaud : l’évêque de Constance et même le légat du pape, séduits par son adresse ou son mérite, oublièrent en sa faveur les intérêts de leur maître et ceux de leur ordre. Les violentes exhortations de saint Bernard[1] éveillèrent enfin leur zèle, et l’ennemi de l’Église, forcé par la persécution à ce parti désespéré, vint dans Rome arborer son étendard en face du successeur de saint Pierre.

Il exhorte les Romains à rétablir la république. A. D. 1144-1154.

Toutefois le courage d’Arnaud n’était pas dépourvu de prudence ; il était protégé et avait peut-être même été appelé par les nobles et le peuple ; son éloquence tonna sur les sept collines en faveur de la liberté. Mêlant dans ses discours les passages de Tite-Live et de saint Paul, les raisons de l’Évangile et

    villages, les bois, les prairies, les eaux, les cerfs, les églises, etc. ; ce qui formait un magnifique présent. Charles-le-Chauve accorda le Jus monotæ ; la ville fut environnée de murs sous Othon Ier ; et les antiquaires de Zurich répètent avec plaisir ce vers de l’évêque de Freysingen :

    Nobile Turegum multarum copia rerum.

  1. Saint Bernard, epistol. 195, 196, t. I, p. 187-190. Au milieu de ses invectives un aveu important lui est échappé, qui, utinam quam sanæ esset doctrinæ quam districtai est vitæ. Il convient qu’Arnaud serait une acquisition précieuse pour l’Église.