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les diverses familles fortifiaient et assiégeaient les églises et les palais. [Caliste II. A. D. 1119-1124.] [Innocent II. A. D. 1130-1143.]Après avoir donné la paix à l’Europe, Caliste II eut seul assez de puissance et de fermeté pour interdire aux particuliers, dans la métropole, l’usage des armes. Les émeutes de Rome excitèrent une indignation générale chez les peuples qui révéraient le trône apostolique ; et saint Bernard, dans une lettre à Eugène III, son disciple, fait, avec toute la vivacité de son esprit et de son zèle, le tableau des vices de ce peuple rebelle[1]. [Caractère des Romains selon saint Bernard.] « Qui ne connaît, dit le moine de Clairvaux, la vanité et l’arrogance des Romains, peuple élevé dans la sédition, nation cruelle, intraitable, qui dédaigne d’obéir à moins qu’elle ne soit trop faible pour résister ? Lorsque les Romains promettent de servir, ils aspirent à régner ; s’ils jurent de vous demeurer fidèles, ils épient l’occasion de se révolter : cependant si vos portes ou vos conseils leur sont fermés, leur mécontentement s’exhale en violentes clameurs. Habiles à faire le mal, ils n’ont jamais appris l’art de faire le bien : odieux à la terre et au ciel, impies envers la divinité, livrés à la sédition, jaloux de leurs voisins, cruels à l’égard des étrangers, ils n’aiment personne, et personne ne les aime. Tandis qu’ils cherchent à

  1. Quid tam notum secutis quam protervia et cervicositas Romanorum ? Gens insueta paci, tumultui assueta, gens immitis et intractabilis usque adhuc, subdi nescia, nisi cum non valet resistere (De Consideratione, l. IV, c. 2, p. 441). Le saint reprend haleine, puis continue ainsi : Hi invisi terræ et cælo, utrique injecere manus, etc. (p. 443).