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à rétablir le plus magnifique et le plus vénérable temple de l’Orient[1].

Schisme grec après le concile de Florence. A. D. 1440-1448.

Menacés d’une destruction prochaine, la ville et l’empire de Constantinople fondaient un dernier espoir sur la réunion de la mère et de la fille, sur la tendresse maternelle de Rome et l’obéissance filiale de Constantinople. Au concile de Florence, les Grecs et les Latins s’étaient embrassés, avaient signé, avaient promis ; mais ces démonstrations d’amitié étaient perfides et inutiles[2] ; et tout l’édifice de l’union, dénué de fondemens, disparut bientôt comme un songe[3]. L’empereur et ses prélats partirent sur les galères de Venise ; mais lorsqu’ils relâchèrent dans la Morée,

  1. Voyez les ruines et les réparations de Sainte-Sophie dans Grégoras (l. VII, 12 ; l. XV, 2). Andronic la fit étayer en 1317, et la partie orientale du dôme s’écroula en 1345. Les Grecs exaltent avec la pompe ordinaire de leur style la sainteté et la magnificence de ce paradis terrestre, le séjour des anges et de Dieu lui-même, etc.
  2. D’après le récit original et sincère de Syropulus (p. 312-351), le schisme des Grecs s’annonça dès la première fois qu’ils officièrent à Venise, et fut confirmé par l’opposition générale du clergé et du peuple de Constantinople.
  3. Relativement au schisme de Constantinople, voyez Phranza (l. II, c. 17), Laonicus Chalcocondyles (l. VI, p. 155, 156) et Ducas (c. 31). Le dernier s’exprime avec franchise et liberté. Parmi les modernes, on peut distinguer le continuateur de Fleury (t. XXII, p. 338, etc., 401, 402, etc.) et Spondanus (A. D. 1440, no 30). Dès qu’il est question de Rome et de la religion, le bon sens du dernier se noie dans une mer de préjugés et de préventions.