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struites avec la plus grande solidité ; le second mur ou la fortification extérieure suffirait à la défense et à la majesté d’une capitale ordinaire. On peut introduire dans ses fossés un courant fort et rapide ; et cette île artificielle peut être alternativement environnée, comme Athènes[1], de la terre ou des eaux. » On allègue deux causes qui durent contribuer naturellement et fortement à perfectionner le plan de la nouvelle Rome. Le monarque qui la fonda commandait aux plus illustres nations du monde ; et dans l’exécution de son dessein, il employa aussi utilement les sciences et les arts de la Grèce, que la puissance des Romains. La grandeur de la plupart des autres villes a dépendu du temps et des événemens ; on trouve toujours dans leurs beautés un mélange de désordre et de difformité ; et les habitans, attachés à l’endroit qui les a vu naître, ne peuvent rectifier ni les vices du sol ou du climat, ni les erreurs de leurs ancêtres. Mais le plan de Constantinople, et son exécution, furent l’ouvrage libre d’un seul génie ; et ce modèle primitif fut seulement perfectionné par le zèle obéissant de ses sujets et de ses successeurs. Les îles adjacentes offraient une inépui-

  1. Un écrivain a observé qu’on pouvait naviguer autour de la ville d’Athènes (τις ειϖ εν την πολιν των Αβηναιων δυνασβαι και παραϖλειν και ϖεριϖλειν). Mais ce qui peut être vrai, rhétoriquement parlant, de la ville de Constantinople, ne convient point à celle d’Athènes, située à cinq milles de la mer, et qui n’est ni environnée ni traversée par des canaux navigables.