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esprit anima toute l’Italie, et les progrès des nations payèrent les princes de leur libéralité. Les Latins se réservèrent la propriété exclusive de leur propre littérature ; et ces disciples de la Grèce devinrent bientôt capables de transmettre et de perfectionner les leçons qu’ils avaient reçues. Après une courte succession de maîtres étrangers, l’émigration cessa ; mais le langage de la Grèce s’était répandu au-delà des Alpes, et les étudians de France, d’Allemagne et d’Angleterre[1] propagèrent dans leur patrie le feu sacré qu’ils avaient reçu dans les écoles de Rome et de Florence[2]. Dans les productions de l’esprit

    orateurs grecs, apud Hody, p. 249) in Atho Thraciæ monte ; eas Lascaris… in Italiam reportavit. Miserat enim ipsum Laurentius ille Medices in Græciam ad inquirendos simul et quantovis emendos pretio bonos libros. Il est assez digne de remarque que cette recherche ait été facilitée par le sultan Bajazet II.

  1. Grocyn, Linacer et Latimer, qui avaient étudié à Florence sous Démétrius Chalcocondyles, introduisirent la langue grecque dans l’université d’Oxford, dans les dernières années du quinzième siècle. Voyez la Vie curieuse d’Érasme, composée par le docteur Knight ; bien qu’un zélé champion de son académie, il est forcé d’avouer qu’Érasme apprit à Oxford le grec qu’il enseigna à Cambridge.
  2. Les jaloux Italiens désiraient se réserver le monopole de l’instruction grecque. Lorsque Alde fut sur le point de publier ses Commentaires sur Sophocle et Euripide, Cave, lui dirent-ils, cave hoc facias, ne Barbari istis adjuti, domi maneant, et panciores in Italiam ventitent (Docteur Knight, dans sa Vie d’Érasme, p. 365, extrait de Beatus Rhenanus).