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hommes polis et éclairés ; mais cette société philosophique fut bientôt détruite ; et si le sage d’Athènes fut encore étudié dans le cabinet, son puissant rival resta seul l’oracle de l’école et de l’Église[1].

L’émulation et les progrès des Latins.

J’ai représenté avec impartialité le mérite littéraire des Grecs ; mais on doit avouer que l’ardeur des Latins les seconda et les surpassa peut-être. L’Italie était alors partagée en un grand nombre de petits états indépendans ; les princes et les républiques se disputaient l’honneur d’encourager et de récompenser la littérature. [Nicolas V. A. D. 1447-1455.]Nicolas V[2], dont le mérite fut infiniment supérieur à sa réputation, se tira, par son érudition et ses vertus, de l’obscurité où l’avait placé sa naissance. Le caractère de l’homme l’emporta toujours sur l’intérêt du pape, et Nicolas aiguisa de ses propres mains les armes dont on se servit bientôt pour attaquer l’Église romaine[3]. Il avait été l’ami

  1. Boivin (Mém. de l’Acad. des inscript., t. II, p. 715-729) et Tiraboschi (t. VI, part. I, p. 259-288) ont éclairci l’état de la philosophie platonicienne en Italie,
  2. Voyez la Vie de Nicolas v par deux auteurs contemporains, Janottus Manettus (t. III, part. II, p. 905-962) et Vespasien de Florence (t. XXV, p. 267-290), dans la Collection de Muratori. Voyez Tiraboschi (t. VI, p. 1-46, 52-109) et Hody, aux articles de Théodore Gaza, de George de Trébisonde, etc.
  3. Le lord Bolingbroke observe avec autant d’esprit que de justesse, que les papes furent, à cet égard, moins politiques que le muphti, et qu’ils rompirent eux-mêmes le talisman qui enchaînait depuis si long-temps le genre hu-