Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/487

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’esprit philosophique, sont encore aujourd’hui d’un grand secours aux étudians. Lorsque les bibliothéques de Byzance furent détruites, chaque fugitif saisit un fragment du trésor, une copie de quelque auteur qui, sans lui, aurait été perdu. Ces copies furent multipliées par des plumes laborieuses, quelquefois élégantes ; ils corrigèrent le texte, et y ajoutèrent leurs interprétations ou celles des anciens scoliastes. Les Latins connurent, sinon l’esprit, du moins le sens littéral des auteurs classiques de la Grèce. Les beautés du style disparaissent dans une traduction ; mais Théodore Gaza eut le bon esprit de choisir les solides ouvrages de Théophraste et d’Aristote. Leurs histoires naturelles des plantes et des animaux ouvrirent un vaste champ à la théorie et aux expériences.

Philosophie platonique.

On poursuivit cependant toujours par préférence les nuages incertains de la métaphysique. Un Grec vénérable ressuscita en Italie le génie de Platon, condamné depuis long-temps à l’oubli, et l’enseigna dans le palais des Médicis[1]. Cette élégante philosophie pouvait être de quelque avantage dans un temps où le concile de Florence ne s’occupait que

  1. George Gemistus Pleto, qui a composé de volumineux ouvrages sur différens sujets ; il fut le maître de Bessarion et de tous les platoniciens de son siècle. Dans sa vieillesse, George visita l’Italie, et retourna promptement finir ses jours dans le Péloponnèse. Voyez une curieuse diatribe de Léo Allatius de Georgiis, dans Fabricius (Bibl. græc., t. X, p. 739-756).