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affabilité, son éloquence et sa naissance illustre recommandèrent à la cour de France un descendant des empereurs : on l’employa alternativement dans les mêmes villes, comme professeur et comme négociateur. Par devoir et par intérêt, ces savans cultivèrent l’étude de la langue latine, et quelques-uns parvinrent à écrire et à parler une langue étrangère avec élégance et facilité ; mais ils ne dépouillèrent jamais la vanité nationale. Leurs louanges ou au moins leur admiration était réservée exclusivement aux écrivains de leur pays, aux talens desquels ils devaient leur réputation et leur subsistance. Ils trahirent quelquefois leur mépris par des critiques irrévérentes ou plutôt des satires contre la poésie de Virgile et les harangues de Cicéron[1]. Ces habiles maîtres avaient dû leur supériorité à la pratique habituelle d’une langue vivante ; et leurs premiers disciples ne pouvaient plus discerner combien ils

    p. 247-275). Lascaris laissa en France de la postérité ; mais les comtes de Vintimille et leurs nombreuses branches n’ont d’autre droit à ce nom qu’une alliance douteuse avec la fille de l’empereur grec dans le treizième siècle (Ducange, Fam. byzant., p. 224-230).

  1. François Floridus a conservé et réfuté deux épigrammes contre Virgile, et trois contre Cicéron. Il traite l’auteur de Græculus ineptus et impudens (Hody, p. 274). Un critique anglais a accusé de nos jours l’Enéide de contenir multa languida, nugatoria, spiritu et majestate carminis heroïci defecta, et beaucoup de vers que lui, Jérémie Markland, aurait rougi d’avouer (Præfat. ad Statii Sylvas, p. 21, 22).