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populaire, qui doit sa célébrité au Décaméron, c’est-à-dire à une centaine de contes d’amour et de plaisanterie, peut être considéré, à juste titre, comme celui qui ranima en Italie l’étude abandonnée de la langue grecque. En 1360, il parvint à retenir auprès de lui, par ses conseils et son hospitalité, Léon ou Léonce Pilate, disciple de Barlaam, qui allait à Avignon. Boccace le logea dans sa maison, lui obtint une pension de la république de Florence, et dévoua tous ses loisirs au premier professeur grec, qui eût enseigné cette langue dans les contrées occidentales de l’Europe. L’extérieur de Léon aurait dégoûté un disciple moins ardent. Il était enveloppé du manteau d’un philosophe ou d’un mendiant ; son maintien était repoussant, ses cheveux noirs rabattus sur son visage, sa barbe longue et malpropre, ses manières étaient grossières, son caractère inconstant et sombre ; [Léonce Pilate, premier professeur de la langue grecque à Florence dans l’Occident. A. D. 1360-1363.]et il ne réparait cet extérieur rebutant, lorsqu’il parlait latin, ni par les grâces ni même par professeur de la clarté de l’élocution. Mais son esprit renfermait un trésor d’érudition grecque. Il était également versé dans la fable et l’histoire, dans la grammaire et la philosophie : il expliqua les poèmes d’Homère dans les écoles de Florence. Ce fut sur ses instructions que Boccace composa, en faveur de son ami Pétrarque, une traduction littérale en prose de l’Iliade et de l’Odyssée, dont il est probable que Laurent Valla se servit secrètement pour composer,

    scandaleux à son respectable ami Pétrarque dans les Lettres et Mémoires duquel il paraît d’une manière honorable.