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maux de l’exil et de la pauvreté. On avait assigné à chaque étranger, pour sa dépense, trois ou quatre florins d’or par mois ; et quoique la somme entière ne montât pas à plus de sept cents florins, l’indigence ou la politique du Vatican laissait toujours beaucoup d’arrérages[1]. Ils soupiraient après leur délivrance ; mais un triple obstacle s’opposait à leur fuite. On ne souffrait pas qu’ils sortissent de Ferrare sans un passeport de leurs supérieurs : les Vénitiens avaient promis d’arrêter et de renvoyer les fugitifs ; et en arrivant à Constantinople ils ne pouvaient échapper à l’excommunication, aux amendes et à une sentence qui condamnait, même les ecclésiastiques, à être dépouillés nus et fouettés publiquement[2]. La faim put seule décider les Grecs à ouvrir la première con-

  1. Les Grecs obtinrent, après beaucoup de difficultés, qu’au lieu de provisions on leur ferait une distribution d’argent. On donna quatre florins par mois aux personnes d’un rang honorable, et trois florins pour chaque domestique. L’empereur en reçut trente-quatre, le patriarche vingt-neuf et le prince Démétrius vingt-quatre, La paie entière du premier mois ne monta qu’à six cent quatre-vingt-onze florins. Cette somme annonce que le nombre total des Grecs n’excédait pas deux cents (Syropulus, p. 104, 105). Au mois d’octobre 1438, on devait les arrérages de quatre mois : on en devait encore trois mois en avril 1439, et cinq et demi dans le mois de juillet, à l’époque de l’union (p. 172, 225, 271).
  2. Syropulus (p. 141-142, 204-221) déplore l’emprisonnement des Grecs qu’on retenait de force en Italie, et se plaint de la tyrannie de l’empereur et du patriarche.