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gène, tout était douceur, complaisance et respect. Il invitait le souverain de Constantinople à faire cesser, par sa présence, le schisme des Latins comme celui des Grecs. Il proposa pour le lieu de leur entrevue amicale, Ferrare, située sur les bords de la mer Adriatique ; et à l’aide d’une surprise ou de quelque artifice, il se procura un faux décret du concile qui approuvait sa translation dans cette ville de l’Italie. Neuf galères furent équipées pour cette expédition à Venise et dans l’île de Candie ; elles devancèrent les vaisseaux de Bâle ; l’amiral romain reçut ordre de ceux-ci de les couler à fond, de les brûler et de les détruire[1] ; ces escadres ecclésiastiques auraient pu se rencontrer dans les mêmes mers où Sparte et Athènes s’étaient disputé jadis la gloire de la prééminence. Alternativement assailli par les deux factions, qui semblaient toujours prêtes à en venir aux mains pour la possession de sa personne, Paléologue hésita encore, avant de quitter son palais et son pays, de tenter cette dange-

    celle de ses compatriotes. Les députés de Bâle tâchèrent d’excuser cette imprudence, mais ils ne pouvaient nier ni changer l’acte du concile.

  1. Condolmicri, neveu et amiral du pape, déclare expressément, οτι ορισμον εχει παρατο‌υ Παϖα ινα πολεμηση οπο‌υ αν ευρη τα κατεργα της συνοδο‌υ, και ει δυνηβη καταδυση και αφανιση. Les pères du synode donnèrent à leurs marins des ordres moins péremptoires, et jusqu’au moment où les deux escadres se rencontrèrent, les deux partis tâchèrent de cacher aux Grecs cette animosité.