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d’honneurs, le prince grec fit une seconde visite à Paris, et après avoir passé deux années dans les cours de l’Occident, il traversa l’Allemagne et l’Italie, s’embarqua à Venise, et attendit patiemment dans la Morée le moment de sa ruine ou de sa délivrance. Il avait cependant échappé à la nécessité ignominieuse de vendre sa religion, soit publiquement, soit en secret. Le schisme déchirait l’Église latine : deux papes, l’un à Rome et l’autre à Avignon, se disputaient l’obéissance des rois, des nations et des universités de l’Europe. L’empereur grec, attentif à ménager les deux partis, s’abstint de toute correspondance avec ces deux rivaux, tous deux indignes et peu favorisés de l’opinion. Il partit au moment du jubilé, et traversa toute l’Italie sans demander ou mériter l’indulgence plénière, qui efface les péchés des fidèles et les dispense de la pénitence. Cette négligence offensa le pape de Rome ; il accusa Manuel d’irrévérence pour l’image du Christ, et exhorta les princes de l’Italie à abandonner un schismatique obstiné[1].

Connaissances et descriptions des Grecs.

À l’époque des croisades, les Grecs avaient contemplé avec autant de terreur que de surprise le cours perpétuel des émigrations qui ne cessaient de

    Henri IV par le vœu que fit ce prince de prendre la croix, et le pressentiment qu’il avait de mourir à Jérusalem.

  1. Ce fait est rapporté dans l’Historia Politica, A. D. 1391-1478, publiée par Martin Crusius (Turco-Græcia, p. 1-43). L’image du Christ, à laquelle l’empereur refusa ses hommages, était probablement un ouvrage de sculpture.