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Grec se préparait à quitter l’Italie[1] ; mais il fut arrêté par un obstacle humiliant. En passant à Venise, il avait emprunté des sommes considérables à une usure exorbitante ; ses coffres étaient vides, et ses créanciers inquiets le retinrent pour sûreté de leur payement. En vain l’empereur pressait Andronic, régent du royaume, et son fils aîné, d’user de toutes les ressources et de dépouiller, s’il le fallait, les autels pour tirer son père d’une captivité ignominieuse. Insensible à la honte de son père, ce fils dénaturé se réjouissait secrètement de sa captivité. L’état était pauvre, le clergé opiniâtre ; on ne pouvait même manquer au besoin de quelque scrupule religieux pour servir de masque à une criminelle indifférence. Manuel, frère d’Andronic, après lui avoir sévèrement reproché cette négligence si contraire à son devoir, vendit ou engagea ce qu’il possédait, s’embarqua pour Venise, délivra son père, et s’offrit lui-même pour sûreté de la dette. [Son retour à Constantinople. A. D. 1370.]De retour à Constantinople, comme empereur et comme père, Pa-

    sance ou seulement par la cause qu’ils avaient embrassée, tomba de France en Italie après la paix de Brétigni, en 1360. Muratori s’écrie (Ann., t. XII, p. 197), avec plus de vérité que de politesse : Ci mancava ancor questo, che dopo essere calpestrata l’Italia da tanti masnadieri Tedeschi ed Ungheri, venissero fin d’all Inghilterra nuovi cani a finire di divorarla.

  1. Chalcocondyles, l. I, p. 25, 26. Le Grec prétend qu’il fit une visite à la cour de France ; mais le silence des historiens nationaux le réfute suffisamment. Je ne suis pas beaucoup plus disposé à croire qu’il quitta l’Italie, valde bene consolatus et contentus (Vit. Urbani V, p. 623).