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presque tout ce qui excédait les faubourgs de Constantinople.

Succession héréditaire, et mérite des princes ottomans.

En considérant que les principaux événemens de cette vie dépendent du caractère d’un seul acteur, on est forcé d’accorder aux qualités personnelles des sultans le premier mérite de la fondation et du rétablissement de l’empire ottoman. On peut remarquer entre eux quelques degrés différens de sagesse et de vertu ; mais depuis l’élévation d’Othman jusqu’à la mort de Soliman, durant une période de neuf règnes et de deux cent soixante-cinq années, le trône, en admettant une seule exception, fut occupé par une suite de princes actifs et courageux, respectés de leurs sujets et redoutés de leurs ennemis. Au lieu de passer leur jeunesse dans l’indolence fastueuse d’un sérail, les héritiers de l’empire étaient élevés dans les camps et dans les conseils. Leurs pères leur confiaient de bonne heure le commandement des provinces et des armées ; et cette noble institution, quoique la source d’une infinité de guerres civiles, a sans doute contribué à la discipline et à la vigueur de la monarchie. Les Ottomans ne peuvent pas s’intituler, comme les anciens califes de l’Arabie, les descendans ou successeurs de l’apôtre de Dieu ; et la parenté qu’ils réclament avec les princes tartares de la maison de Gengis, paraît moins fondée sur la vérité que sur l’adulation[1]. Leur origine est obscure, mais

  1. Voy. Rycault (l. I, c. 13). Les sultans turcs prennent le titre de kans. Cependant Abulghazi ne semble pas reconnaître les Ottomans pour ses cousins.