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téger les sujets fidèles et soumis. Après avoir renversé l’édifice de leur ancien gouvernement, il les abandonnait à des calamités aggravées ou causées par son invasion, et ces calamités n’étaient compensées par aucun avantage présent ou possible. 3o. Il s’occupa surtout du bien-être et de l’éclat intérieur des royaumes de la Transoxiane et de la Perse, qu’il considérait comme les états héréditaires de sa famille. Mais ses fréquentes et longues absences suspendaient et détruisaient souvent ses travaux pacifiques. Tandis qu’il triomphait près du Gange ou du Wolga, ses serviteurs et même ses fils oubliaient leur maître et leur devoir. La rigueur tardive des enquêtes et des punitions ne réparait qu’imparfaitement les désordres publics et particuliers, et nous devons nous contenter de louer les institutions de Timour, comme le projet séduisant d’une monarchie parfaite, 4o. Quels que pussent être les bienfaits de son administration, ils disparurent avec lui. Ses fils et ses petits-fils, plus ambitieux de régner que de gouverner[1], furent ennemis les uns des autres et ennemis du peuple. Sharokh, le plus jeune de ses fils, soutint avec quelque gloire un fragment de l’empire. Mais après sa mort, le théâtre de sa domination fut de nouveau plongé dans le sang et les ténèbres ; et avant la ré-

  1. Consultez les derniers chapitres de Sherefeddin, Arabshah et M. de Guignes (Hist. des Huns, t. IV, l. XX ; l’Histoire de Nadir-Shah par Fraser, p. 1-62). L’histoire des descendans de Timour est superficiellement racontée, et les seconde et troisième parties de Sherefeddin manquent.