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Nous devons distinguer d’abord les janissaires, qui ont été successivement portés à quarante mille hommes ; une cavalerie nationale, connue dans les temps modernes sous le nom de spahis ; vingt mille cuirassiers d’Europe, couverts d’armures noires et impénétrables ; les troupes de l’Anatolie, dont les princes s’étaient réfugiés dans le camp de Timour, et une colonie de Tartares qu’il avait chassée du Kipzak, et à laquelle Bajazet avait accordé un établissement dans les plaines d’Andrinople. L’intrépide sultan s’avançait au-devant de son rival, et déployant ses tentes près des ruines de la malheureuse ville de Siwas, il semblait avoir choisi ce poste pour le théâtre de sa vengeance. Timour traversait cependant, depuis l’Araxe, toute l’Arménie et l’Anatolie, sans négliger aucune des précautions dictées par la prudence. La rapidité de sa marche était dirigée avec ordre et avec une exacte discipline : sa cavalerie légère, qui allait en avant et marquait sa route, fouillait avec soin les montagnes, les bois et les rivières. Résolu de combattre les Ottomans dans le cœur de leur empire, le prince des Mongouls évita leur camp en se détournant adroitement sur la gauche. Il occupa Césarée, traversa le désert Salé, la rivière Halys, et investit la ville d’Angora, Cependant le sultan, immobile dans son camp et ignorant ce qui se passait, comparaît la marche des rapides Tartares à celle d’un limaçon[1].

  1. Il n’est pas inutile de marquer les distances entre Angora et les villes voisines, par les journées des caravanes,