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rent assemblés dans Alep pour repousser l’invasion. Ils fondaient leur confiance dans la discipline et la renommée des Mamelucks, dans la trempe de leurs lances et de leurs épées, du plus pur acier de Damas, dans la force de leurs villes entourées de murs, et dans la population de soixante mille villages. Au lieu de soutenir un siége, ils ouvrirent leurs portes et se déployèrent dans la plaine. Mais leurs forces n’étaient point cimentées par l’union et la vertu, et quelques-uns des plus puissans émirs, séduits par Timour, avaient abandonné ou trahissaient leurs compagnons plus fidèles. Timour avait couvert le front de son armée d’une ligne d’éléphans, dont les tours étaient remplies d’archers et de feux grégeois ; les rapides évolutions de sa cavalerie complétèrent la terreur et la déroute. Les Syriens se précipitèrent les uns sur les autres, et furent ou étouffés ou massacrés par milliers à l’entrée de la grande rue d’Alep. [Sac d’Alep. A. D. 1400, 11 nov.]Les Mongouls entrèrent dans la ville pêle-mêle avec les fugitifs, et les défenseurs lâches ou corrompus rendirent l’imprenable citadelle après une faible résistance. Parmi les supplians et les captifs, Timour distingua les docteurs de la loi, qu’il admit au dangereux honneur d’une conférence[1]. Quoique zélé musulman, le prince des Mongouls avait appris dans

  1. Ces intéressantes conversations semblent avoir été copiées par Arabshah (t. I, c. 68, p. 625-645) du cadi ou historien Ebn-Shounah, un des principaux acteurs ; mais comment pouvait-il exister encore soixante-quinze ans après cette époque ? (d’Herbelot, p. 792.)