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étranger[1] ! » Chez les Turcs, une injure de fait ou de parole devient une offense impardonnable lorsqu’elle est relative aux mystères du harem[2] ; et le ressentiment personnel envenima la querelle politique des deux monarques. La première expédition de Timour se borna cependant à détruire la forteresse de Siwas ou Sebaste, située sur les frontières de l’Anatolie ; et quatre mille Arméniens, enterrés vifs pour avoir rempli leur devoir avec valeur et fidélité, expièrent l’imprudence du prince ottoman. Timour semblait respecter, comme musulman, la pieuse occupation de Bajazet, attaché alors au blocus de Constantinople. [Timour envahit la Syrie. A. D. 1400.]Il se contenta de lui donner cette première leçon, et tourna ses armes contre l’Égypte et la Syrie. Dans le récit de ces transactions, les Orientaux, et Timour lui-même, donnent au sultan le titre de Kaissar de Roum ou de César des Romains, qu’on pouvait donner légitimement, par une courte

  1. Selon le Koran (c. 2, p. 27, et les Discours de Sale, p. 134) un musulman qui avait répudié trois fois sa femme (qui avait répété trois fois les termes d’un divorce), ne pouvait la reprendre qu’un autre ne l’eût épousée et répudiée. Cette cérémonie est suffisamment humiliante, sans ajouter que le premier mari devait nécessairement souffrir que le second jouit de sa femme en sa présence (État de l’Empire ottoman, par Rycaut, l. II, c. 21).
  2. Arabshah attribue particulièrement aux Turcs la délicatesse commune aux Orientaux de ne jamais parler publiquement de leurs femmes, et il est assez remarquable que Chalcocondyles ait eu quelque connaissance du préjugé et de l’insulte.