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monarque composa lui-même les commentaires[1] de sa vie et les Institutions[2] de son gouvernement[3] ; mais ces soins ne contribuèrent point à conserver sa renommée : ces monumens précieux, écrits en langue mongoule ou persane, restèrent inconnus à l’univers ou au moins à l’Europe. Les nations qu’il asservit exercèrent une vengeance im-

  1. Ces Commentaires sont encore inconnus en Europe ; mais M. White nous fait espérer qu’ils pourront être rapportés par son ami le major Davy, qui a lu en Asie « ce récit fidèle et détaillé d’une époque intéressante et féconde en événemens ».
  2. J’ignore si l’Institution originale, écrite en langue turque ou mongoule, existe encore. Le major Davy, aide de M. White, professeur de langue arabe, a publié à Oxford en 1783, in-4o, la traduction persane, et ils y ont joint une traduction anglaise avec un index très-précieux. Cet ouvrage a été traduit depuis du persan en français (Paris, 1787) par M. Langlès, très-versé dans les antiquités de l’Orient, qui y a ajouté une Vie de Timour et des Notes très-curieuses.
  3. Shaw Allum, le présent Mogol, lit, estime, mais ne peut imiter les Institutions de son illustre ancêtre : le traducteur anglais croit leur authenticité justifiée par les preuves insérées dans l’ouvrage ; mais si l’on concevait quelques soupçons de fraude ou fiction, la lettre du major Davy ne serait pas susceptible de les détruire. Les Orientaux n’ont jamais cultivé l’art de la critique. La protection d’un prince, moins honorable peut-être, n’est pas moins lucrative que celle d’un libraire, et on ne doit pas regarder comme incroyable qu’un Persan, le véritable auteur, pût renoncer à l’honneur que pourrait lui rapporter son ouvrage, pour en augmenter la valeur et le prix.