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vaisseaux de guerre, il cingla d’Aiguemortes vers l’Hellespont, força le passage défendu par dix-sept galères turques, descendit six cents hommes d’armes et seize cents archers à Constantinople, et en fit la revue dans la plaine voisine, sans daigner compter ni mettre en bataille la multitude des Grecs. Son arrivée fit lever le blocus qui serrait Byzance par terre et par mer. Les escadrons de Bajazet s’éloignèrent précipitamment à une respectueuse distance, et plusieurs forteresses d’Europe et d’Asie furent emportées d’assaut par le maréchal et l’empereur, qui combattirent à côté l’un de l’autre avec la même intrépidité ; mais les Ottomans reparurent bientôt en plus grand nombre, et le brave Boucicault, après s’être maintenu durant une année, résolut d’abandonner un pays qui ne pouvait plus fournir la paie ni la subsistance de ses soldats. Le maréchal offrit à Manuel de le conduire à la cour de France, où il pourrait solliciter lui-même des secours d’hommes et d’argent, et lui conseilla cependant de faire cesser la discorde civile en laissant le trône à son neveu. Manuel accepta la proposition ; il introduisit le prince de Sélymbrie dans la ville, et telle était la misère publique, que le sort de l’exilé parut préférable à celui du souverain. Au lieu d’applaudir aux succès de son vassal, le sultan des Turcs réclama Byzance comme sa propriété ; et sur le refus de l’empereur Jean, il fit éprouver à la capitale les calamités réunies de la guerre et de la famine. Contre un pareil ennemi on ne pouvait rien espérer des prières ni de la résistance, et le sau-