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rent caution pour cinq fois la valeur de cette somme, d’où ce siècle guerrier put comprendre que le commerce et le crédit sont les liens des nations et de la société. On avait stipulé dans le traité que les captifs français jureraient de ne jamais porter les armes contre leur vainqueur ; mais Bajazet lui-même les dispensa de cette condition peu généreuse. « Je méprise, dit-il à l’héritier de la Bourgogne, tes armes et tes sermens. Tu es jeune, et tu auras peut-être l’ambition d’effacer la honte ou le malheur de ta première entreprise. Rassemble les forces militaires, annonce ton projet, et sois sûr que Bajazet se réjouira de te rencontrer une seconde fois sur le champ de bataille. » Avant leur départ, ils furent admis à la cour de Bursa ; les princes français admirèrent la magnificence du sultan, dont l’équipage de chasse et de fauconnerie était composé de sept mille chasseurs et d’autant de fauconniers[1]. Il fit devant eux ouvrir le ventre à un de ses chambellans, qu’une pauvre femme accusait d’avoir bu le lait de ses chè-

  1. Sherefeddin-Ali (Hist. de Timour-Bec, l. V, c. 13) fixe à douze mille les officiers et les valets appartenant à l’équipage de chasse de Bajazet. Timour exposa une partie des dépouilles du prince turc dans une partie de chasse : 1o. des chiens courans avec des housses de satin ; 2o. des léopards avec des colliers enrichis de pierres précieuses ; 3o. des lévriers grecs ; et 4o. des dogues d’Europe, qui égalaient pour la force les lions d’Afrique (idem, l. VI, c. 15). Bajazet se plaisait particulièrement à faire prendre des grues par ses faucons (Chalcocond., l. II, p. 35).