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son obéissance toute la partie septentrionale de l’Anatolie, depuis Angora jusqu’à Amasie et Erzeroum. [Ses conquêtes depuis l’Euphrate jusqu’au Danube.]Les émirs de Ghermian, de Caramanie, d’Aidin et de Sarukhan furent dépouillés de leurs états héréditaires ; et après la conquête d’Iconium, la dynastie ottomane releva l’ancien royaume des Seljoucides. Les conquêtes de Bajazet en Europe ne furent ni moins rapides ni moins importantes. Dès qu’il eut assujetti les Serviens et les Bulgares à un joug régulier, il courut au-delà du Danube chercher de nouveaux ennemis et de nouveaux sujets dans le cœur de la Moldavie[1]. Tout ce qui reconnaissait encore l’empire grec dans la Thrace, la Macédoine et la Thessalie, passa sous celui du victorieux Ottoman. Un évêque complaisant le conduisit en Grèce à travers les Thermopyles ; et nous remarquerons comme un fait singulier, que la veuve d’un chef espagnol, qui possédait le pays où se rendaient jadis les fameux oracles de Delphes, acheta la protection du sultan par le sacrifice d’une de ses filles remarquable par sa beauté. Pour assurer d’Asie en Europe la communication des Turcs, qui jusque alors avait été dangereuse et précaire, Bajazet établit à Gallipoli une flotte en croisière, qui commandait l’Hellespont et interceptait tous les secours que les Latins envoyaient à Constantinople. Tandis que ce prince sacrifiait sans scrupule à ses passions la jus-

  1. Cantemir, qui célèbre les victoires du grand Étienne sur les Turcs (p. 47), a composé une description de la principauté ancienne et moderne de Moldavie, que l’on promet depuis long-temps et qui n’a pas encore été publiée.