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à celles de l’empereur, assiégea Thessalonique et menaça Constantinople. La calomnie a pu tirer quelque parti de l’insuffisance de ses secours, de son départ précipité, et d’un présent de dix mille écus qu’il accepta de la cour de Byzance ; mais son ami fut satisfait, et la conduite d’Amir était suffisamment justifiée par la nécessité de défendre contre les Latins ses états héréditaires. Le pape, le roi de Chypre, la république de Venise et l’ordre de Saint-Jean, s’étaient réunis dans une louable entreprise contre la puissance maritime des Turcs. Les galères des confédérés abordèrent sur la côte d’Ionie, et Amir fut tué d’une flèche à l’attaque de la citadelle de Smyrne, défendue par les chevaliers de Rhodes[1]. Avant de mourir, il procura généreusement à son ami un autre allié de sa nation, non pas plus sincère et plus ardent que lui, mais plus en état, par sa proximité de la Propontide et de Constantinople, de lui donner un prompt et puissant secours. [Mariage d’Orchau avec une princesse grecque. A. D. 1346.]La promesse d’un traité plus avantageux décida le prince de Bithynie à rompre ses engagemens avec Anne de Savoie. L’orgueil d’Orchan l’engagea à promettre, de la manière la plus solennelle, que si Cantacuzène consentait à l’accepter pour son gendre, il remplirait envers lui, sans jamais s’en écarter, tous les devoirs d’un sujet et d’un fils. L’ambition l’emporta sur la ten-

  1. Après la conquête de Smyrne par les Latins, le pape chargea les chevaliers de Rhodes de défendre cette forteresse (Voyez Vertot, l. V.).