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complète, et les traces du temple de Diane et de l’église de Sainte-Marie ont également disparu. Le cirque et les trois théâtres de Laodicée servent de repaire aux renards et aux loups ; Sardes n’est plus qu’un misérable village. Le dieu de Mahomet, ce dieu qui n’a ni fils ni rival, est invoqué à Pergame et à Thyatire dans de nombreuses mosquées ; et Smyrne ne doit sa population qu’au commerce étranger des Francs et des Arméniens. Philadelphie seule a été sauvée par une prophétie ou par son courage. Éloignés de la mer, oubliés des empereurs, environnés par les Turcs de toutes parts, ses intrépides citoyens défendirent leur religion et leur liberté durant plus de quatre-vingts ans, et obtinrent enfin du plus fier des Ottomans une capitulation honorable. [Les chevaliers de Rhodes. A. D. 1310, 15 août. A. D. 1523, janvier 1.]Après la destruction des colonies grecques et des églises d’Asie, on voit encore subsister Philadelphie, telle qu’une colonne au milieu des ruines ; et cet exemple satisfaisant peut servir à prouver que la voie la plus honorable est aussi quelquefois la plus sûre. Les chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem[1] défendirent la

    sur les sept Églises de l’Asie, p. 205-276. Les antiquaires les plus dévots tâchent de concilier les promesses et les menaces du premier auteur des révélations, avec l’état présent des sept villes. Il serait peut-être plus prudent de borner ses prédictions aux événemens de son siècle.

  1. Consultez le quatrième livre de l’Histoire de Malte par l’abbé de Vertot. Cet agréable écrivain décèle son ignorance, en supposant qu’Othman, un partisan des collines de la Bithynie, a pu assiéger Rhodes par terre et par mer.