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qui favorisaient son indépendance et ses succès. La race de Seljouk n’existait plus ; la puissance expirante des kans mongouls et leur éloignement l’affranchissaient de toute subordination ; il se trouvait placé sur les frontières de l’empire grec ; le Koran recommandait le gazi ou guerre sainte contre les infidèles ; leur fausse politique avait ouvert les passages du mont Olympe, et l’invitait à descendre dans les plaines de Bithynie. Jusqu’au règne de Paléologue, ces passages avaient été vaillamment défendus par la milice du pays, qui jouissait pour récompense de la sûreté de ses propriétés et de l’exemption de toutes les taxes. L’empereur abolit leur privilége et se chargea de la défense ; on exigea rigoureusement le tribut ; mais les passages furent oubliés, et les vigoureux montagnards devinrent des paysans timides, sans énergie et sans discipline. Ce fut le 27 juillet de l’année 1299 de l’ère chrétienne, qu’Othman entra pour la première fois dans le district de Nicomédie[1] ; et l’exactitude singulière avec laquelle on a fixé la date de cet armement, semblerait indiquer qu’on avait entrevu quel devait être l’accroissement rapide et destructeur du monstre qui menaçait l’empire. Les annales des vingt-sept années que dura son règne, n’offriraient qu’une répétition des mêmes incursions. À chaque campagne il recrutait

  1. Voyez Pachymères (l. X, C 25, 26 ; l. XIII, c. 33, 34-36) ; et relativement à la défense des montagnes (l. I, c. 3-6), Nicéphore Grégoras (l. VII, c. 1) et le premier livre de Laonicus Chalcocondyles l’Athénien.