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chinois, et l’autre par des marchands mahométans : on y voyait une église nestorienne, deux mosquées et douze temples consacrés au culte de différentes idoles, d’où l’on peut se former à peu près une idée du nombre des habitans et des nations dont ils étaient composés. Cependant un missionnaire français affirme que la capitale des Tartares n’offrait pas une ville aussi considérable que celle de Saint-Denis, près Paris ; et que le palais de Mangou valait à peine le dixième de l’abbaye des Bénédictins de cette ville. Les grands-kans pouvaient amuser leur vanité des conquêtes de la Syrie et de la Russie ; mais ils étaient Ils adoptent fixés sur les frontières de la Chine. [Ils adoptent les mœurs de la Chine. A. D. 1259-1368.]L’acquisition de et empire était le principal objet de leur ambition ; et l’habitude de l’économie pastorale leur avait appris sans doute que le berger trouve son avantage à protéger et à multiplier ses troupeaux. J’ai déjà célébré la sagesse et la vertu d’un mandarin, qui prévint la destruction de cinq provinces fertiles et peuplées. Durant une administration de trente ans, exempte de tout reproche, ce bienfaisant ami de son pays et de l’humanité travailla constamment à suspendre ou adoucir les calamités de la guerre, à ranimer le goût des sciences, à sauver les monumens, à mettre des bornes au despotisme des commandans militaires, en rétablissant les magistrats civils, enfin, à inspirer aux Mongouls des sentiments de paix et de justice. Il lutta courageusement contre la barbarie des premiers conquérans ; et ses leçons salutaires furent payées dès la seconde génération, par une abondante