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de l’Arménie, des sultans d’Iconium et des émirs de la Perse, dépendaient d’un geste du grand-khan des Tartares. Les fils et les petits-fils de Génois avaient été habitués à la vie pastorale ; mais on vit s’agrandir par degrés le village de Caracorum[1], où se faisait l’élection des khans, et dans lequel ils fixèrent leur résidence. Octai et Mangou quittèrent leurs tentes pour habiter une maison, ce qui indique un changement dans les mœurs ; et leur exemple fut imité par les princes de leur famille et par les grands officiers de l’empire. Au lieu des immenses forêts qui avaient été le théâtre de leurs chasses, l’enceinte d’un parc leur offrit un exercice moins fatigant : la peinture et la sculpture embellirent leurs nouvelles habitations ; et les trésors superflus se convertirent en bassins, en fontaines et en statues d’argent massif Les artistes de la Chine et de Paris exercèrent leur génie au service du grand-khan[2]. Il avait à Caracorum deux rues occupées, l’une par des ouvriers

  1. La Carte de d’Anville et les Itinéraires chinois de Guignes (t. I, part. II, p. 57), semblent fixer la position de Holin ou Caracorum environ à six cents milles au nord-ouest de Pékin. La distance entre Selinginsky et Pékin est à peu près de deux milles verstes russes, ou treize à quatorze cents milles d’Angleterre (Voyages de Bell, vol. II, pag. 67).
  2. Rubruquis rencontra à Caracorum son compatriote Guillaume Boucher, orfèvre de Paris, qui avait exécuté pour le grand-khan un arbre d’argent soutenu par quatre lions qui lançaient quatre liqueurs différentes. Abulghazi (part. IV, p. 366) cite les peintres du Kitay ou la Chine.