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Otrar une caravane composée de trois ambassadeurs et de cent cinquante marchands. Ce ne fut cependant qu’après la demande et le refus d’une satisfaction, après avoir prié et jeûné durant trois nuits sur une montagne, que l’empereur mongoul en appela au jugement de Dieu et de son épée. Nos batailles d’Europe, dit un écrivain philosophe[1], ne sont que de faibles escarmouches, si nous les comparons aux armées qui combattirent et périrent dans les plaines de l’Asie. Sept cent mille Mongouls ou Tartares marchèrent, dit-on, sous les ordres de Gengis et de ses quatre fils ; ils rencontrèrent dans les vastes plaines qui s’étendent au nord du Sihon ou Jaxartes, le sultan Mohammed à la tête de quatre cent mille guerriers ; et dans la première bataille qui dura jusqu’à la nuit, cent soixante mille Carizmiens perdirent la vie. Mohammed, surpris du nombre et de la valeur de ses ennemis, fit sa retraite et distribua ses troupes dans les villes de ses frontières, persuadé que ces Barbares invincibles sur le champ de bataille se laisseraient rebuter par la longueur et la difficulté d’un si grand nombre de siéges réguliers ; mais Gengis avait sagement formé un corps d’ingénieurs et de mécaniciens chinois, instruits peut-être du secret de la poudre, et capables d’attaquer sous

  1. M. de Voltaire (Essai sur l’Histoire générale, t. III, c. 60, p. 8). On trouve dans son histoire de Gengis et des Mongouls, comme dans tous ses ouvrages, beaucoup de réflexions judicieuses et de vérités générales mêlées de quelques erreurs particulières.