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d’un Dieu, l’auteur de tout bien, qui remplit de sa présence la terre et les cieux, créés par son pouvoir. Les Tartares et les Mongouls adoraient les idoles particulières de leur tribu ; des missionnaires étrangers en avaient converti un grand nombre à la loi du Christ, à celle de Moïse ou de Mahomet. Ils professaient tous, librement et sans querelles, leur religion dans l’enceinte du même camp. Le bonze, l’iman, le rabbin, le nestorien et le prêtre catholique jouissaient également de l’exemption honorable du service et du tribut. Dans la mosquée de Bochara, le fougueux conquérant put fouler le Koran aux pieds de ses chevaux ; mais dans les momens de calme, le législateur respecta les prophètes et les pontifes de toutes les sectes. La raison de Gengis ne devait rien aux livres : le khan ne savait ni lire ni écrire ; et en exceptant la tribu des Igours, presque tous les Mongouls ou les Tartares étaient aussi ignorans que leur souverain. Le souvenir de leurs exploits s’est conservé par tradition. Soixante-huit ans après la mort de Gengis, on a recueilli et écrit ces traditions[1]. On peut

  1. Dans l’année 1294, et par l’ordre de Cazan, khan de Perse, et le quatrième descendant de Gengis. D’après ces traditions, son visir Fadlallah composa l’Histoire des Mongouls en langue persane ; Petis de La Croix s’en est servi (Hist. de Gengis-kan, p. 537-539). L’Histoire généalogique des Tartares (à Leyde, 1726, in-12, 2 vol.) a été traduite par les Suédois prisonniers en Sibérie, sur le manuscrit mongoul d’Abulghazi-Bahadar-khan, descendant de Gengis, qui régnait sur les Usbeks de Charasme ou Charizme