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sa seule consolation. Cependant la détresse où se trouvaient réduits les deux partis, les contraignit à un arrangement momentané, et l’on essaya de couvrir la honte de l’empire de quelques légères apparences de dignité et de puissance. Cantacuzène ayant convoqué les chefs de la colonie, feignit de mépriser l’objet de la contestation, et après quelques doux reproches, accorda généreusement aux Génois les terres dont ils s’étaient emparées, et que, pour la forme seulement, il avait voulu ou paru remettre sous la garde de ses officiers[1].

Victoire des Génois sur les Grecs et les Vénitiens. 13 février 1352.

Mais l’empereur fut bientôt sollicité de violer cet accord et de joindre ses armes à celles des Vénitiens, ennemis éternels des Génois et de leurs colonies. Tandis qu’il balançait entre la paix et la guerre, les habitans de Péra ranimèrent son juste ressentiment en lançant de leur rempart un bloc de pierre qui tomba au milieu de Constantinople. Lorsqu’il en fit des plaintes, ils s’excusèrent froidement sur l’imprudence de leur ingénieur. Mais ils recommencèrent dès le lendemain, et se félicitèrent d’une épreuve qui leur apprenait que Constantinople n’était point hors de l’atteinte de leur artillerie. Cantacuzène signa aussitôt le traité proposé par les Vénitiens ; mais la puissance de l’Empire romain influa bien peu

  1. Cantacuzène (l. IV, c. 11) raconte les événemens de cette guerre, mais son récit est obscur et confus ; celui de Nicéphore Grégoras (l. XVII, c. 1-7) est clair et fidèle ; le prêtre était moins responsable que le prince, des fautes et de la défaite de la flotte.