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plots troublèrent continuellement son gouvernement ; il tremblait sans cesse que quelque ennemi étranger ou domestique n’enlevât le prince légitime pour faire de son nom et de ses injures le prétexte de la révolte. À mesure qu’il avançait en âge, le fils d’Andronic commençait à agir et à sentir par lui-même ; les vices qu’il avait hérités de son père hâtèrent, plutôt qu’ils ne les retardèrent, les progrès de son ambition naissante, et Cantacuzène, si nous pouvons en croire ses protestations, travailla avec un zèle sincère à le retirer de la honte de ses inclinations sensuelles, et à élever son âme au niveau de sa fortune. Dans l’expédition de Servie, les deux empereurs affectant l’un et l’autre un air de satisfaction et d’intelligence, se montrèrent ensemble aux troupes et aux provinces, et Cantacuzène initia son jeune collègue aux sciences de la guerre et du gouvernement. Après la conclusion de la paix, il laissa son rival à Thessalonique, résidence royale située sur la frontière, afin de le soustraire aux séductions d’une ville voluptueuse, et d’assurer par son absence la tranquillité de la capitale ; mais en s’éloignant il perdit de son pouvoir, et le fils d’Andronic, entouré de courtisans artificieux ou irréfléchis, apprit à haïr son tuteur, à déplorer son exil et à revendiquer ses droits. Il fit une alliance secrète avec le despote de Servie, et bientôt après déclara ouvertement sa révolte ; Cantacuzène, placé sur le trône d’Andronic l’ancien, défendit la cause de l’âge et de la prééminence qu’il avait si vigoureusement attaquée durant sa jeunesse.