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mais le mécontentement des deux partis troubla son règne et ternit son triomphe. Ses partisans purent regarder l’amnistie générale comme un acte de pardon pour ses ennemis et d’oubli de ses amis[1]. Ils avaient vu pour sa cause leurs biens confisqués ou pillés ; réduits à l’aumône dans les rues de Constantinople, ils maudissaient la générosité intéressée d’un chef qui, placé sur le trône de l’empire, avait pu aisément renoncer à son patrimoine. Les adhérens de l’impératrice rougissaient de devoir leur vie et leur fortune à la faveur précaire d’un usurpateur, et les désirs de vengeance se couvraient du masque d’une tendre inquiétude pour les intérêts et même pour la vie du jeune empereur. Ils furent alarmés avec raison de la demande que firent les partisans de Cantacuzène d’être dégagés de leur serment de fidélité envers les Paléologue, et mis en possession de quelques places de sûreté. Ils plaidèrent leur cause avec éloquence, et n’obtinrent, dit l’empereur Cantacuzène lui-même, « qu’un refus de ma vertu sublime et presque incroyable. » Des séditions et des comp-

    p. 660 ; le reste, jusqu’à la fin du l. XXIV, p. 717, ne traite que de controverse), et ses quatorze derniers livres sont encore en manuscrit dans la Bibliothéque royale à Paris.

  1. L’empereur Cantacuzène (l. IV, c. 1) parle de ses propres vertus, et Nicéphore Grégoras des plaintes des amis de ce prince, que ses vertus réduisaient à la misère. Je leur ai prêté les expressions de nos pauvres chevaliers ou partisans de Charles après la restauration.