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le-Jeune, le grand-domestique gouverna l’empereur et l’empire : ce fut lui qui recouvra l’île de Lesbos et la principauté d’Étolie ; ses ennemis avouent qu’au milieu des déprédateurs du bien public, Cantacuzène seul se montra modéré et retenu ; et l’état qu’il donne volontairement de sa fortune[1], laisse présumer qu’il l’avait reçue par héritage, et ne l’augmenta point par des rapines. Il ne spécifie pas à la vérité la valeur de son argent comptant, de sa vaisselle et de ses bijoux. Cependant, après le don volontaire de deux cents vases d’argent, après que ses amis en eurent mis un grand nombre en sûreté, et que ses ennemis en eurent beaucoup pillé, ses trésors confisqués suffirent pour équiper une flotte de soixante-dix galères. Cantacuzène ne donne point l’état de ses domaines, mais ses greniers renfermaient une quantité immense d’orge et de froment ; et d’après la pratique de l’antiquité, les mille paires de bœufs, employés à la culture de ses terres, indiquent environ soixante-deux mille cinq cents acres de labour[2]. Ses pâturages renfermaient deux mille cinq jumens poulinières, deux cents chameaux, trois

  1. Voyez Cantacuzène (l. III, c. 24-30-36).
  2. Saserne en Gaule, et Columelle en Italie ou en Espagne, calculent à raison de deux paires de bœufs, deux conducteurs et six manouvriers pour deux cents jugera, cent vingt-cinq acres d’Angleterre de terres labourables, et ils ajoutent trois hommes de plus lorsqu’il s’y trouve du taillis (Columelle, De re rusticâ, l. II, c. 13, p. 441, édit. de Gesner).