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sidérer la perte de son frère et de son père comme la suite de ses déréglemens ; et ce fut avec une profonde douleur que les hommes, capables de sentiment et de réflexion, aperçurent qu’au lieu d’éprouver de la tristesse et des remords, il dissimulait faiblement sa joie d’être débarrassé de deux odieux compétiteurs. Ces événemens funestes et de nouveaux désordres aliénèrent par degrés le chef de l’empire. Après avoir épuisé en vain les conseils et les reproches, il transporta sur un autre de ses petits-fils ses espérances et son affection[1]. Ce changement fut annoncé par un nouveau serment de fidélité fait au souverain et à la personne qu’il voudrait choisir pour son successeur. L’héritier naturel du trône, après s’être porté à de nouvelles insultes et avoir essuyé de nouveaux reproches, se vit exposé à l’ignominie d’un procès public. Avant de prononcer la sentence qui l’aurait probablement condamné à passer sa vie dans un cachot ou dans la cellule d’un monastère, l’empereur apprit que les partisans armés de son petit-fils remplissaient les cours de son palais. Il consentit à changer son jugement en un traité de réconciliation ; et cette victoire encouragea le jeune Andronic et sa faction.

Trois guerres civiles entre les deux empereurs. A. D. 1321. 20 avril. A. D. 1328. Mai 24.

Cependant la capitale, le clergé et le sénat tenaient à la personne du vieil empereur, ou du moins

  1. Il destinait sa succession à Michel Catharus, bâtard de Constantin, son second fils. Nicéphore Grégoras (l. VIII, c. 3) et Cantacuzène (l. I, c. 1, 2) s’accordent sur le projet d’exclure son petit-fils Andronic.