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cache sous ses pas. Il fit immédiatement assembler un synode d’évêques pour discuter cette importante question : on condamna unanimement la précipitation qui avait dicté cet anathème clandestin ; mais comme il ne pouvait être levé que par celui qui l’avait prononcé, et que ce prélat chassé de son siége n’en avait plus le pouvoir, on jugea qu’aucune puissance de la terre ne pouvait infirmer la sentence. On arracha à l’auteur du désordre quelques faibles témoignages de pardon et de repentir ; mais la conscience de l’empereur était toujours alarmée, et ce prince ne désirait pas moins vivement qu’Athanase lui-même le rétablissement d’un patriarche qui pouvait seul le tranquilliser. Au milieu de la nuit, un moine, après avoir heurté rudement à la porte de la chambre où l’empereur reposait, lui annonça une révélation de peste, de famine, de tremblement de terre et d’inondation. Andronic épouvanté sauta de son lit, passa le reste de la nuit en prières, et sentit ou crut sentir la terre trembler. L’empereur, suivi d’un cortége d’évêques, se rendit à pied à la cellule d’Athanase ; et après une résistance convenable, le saint, de qui venait ce message qui avait alarmé l’empereur, consentit à absoudre le prince et à gouverner l’Église de Constantinople. Mais loin que sa disgrâce l’eût adouci, la solitude avait encore aigri son caractère, et le pasteur s’attira de nouveau la haine de son troupeau. Ses ennemis se servirent avec succès d’un singulier moyen de vengeance. Ils enlevèrent durant la nuit le marchepied ou tapis de