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çais le fit passer à la branche aînée de la maison de Brienne. Gauthier de Brienne, issu de ce mariage, succéda au duché d’Athènes ; et avec le secours de quelques Catalans mercenaires, qu’il investit de fiefs, le grand-duc se rendit maître de plus de trente châteaux appartenant à des seigneurs ses vassaux, ou seulement ses voisins. Mais ayant été informé de l’approche et des desseins de la grande compagnie, Gauthier rassembla sept cents chevaliers, six mille chevaux et environ huit mille hommes d’infanterie, et marcha hardiment à leur rencontre jusque sur les bords du Céphise en Béotie. Les forces des Catalans ne montaient qu’à trois mille cinq cents chevaux et quatre mille hommes d’infanterie ; mais suppléant au nombre par l’ordre et la ruse, ils environnèrent leur camp d’une inondation artificielle. Le duc, suivi des chevaliers, s’étant avancé sans crainte et sans précaution dans la prairie, leurs chevaux s’enfoncèrent dans la boue, et il fut taillé en pièces avec la plus grande partie de la cavalerie française. Sa famille et sa nation furent chassées de la Grèce, et son fils Gauthier de Brienne, duc titulaire d’Athènes, tyran de Florence et connétable de France, perdit la vie dans les champs de Poitiers. Les victorieux Catalans se partagèrent l’Attique et la Béotie ; ils épousèrent les veuves et les filles des vaincus, et durant quatorze années, la grande compagnie fit trembler toute la Grèce. Des discordes les déterminèrent à reconnaître le chef de la maison d’Aragon pour leur souverain ; et jusqu’à la fin du quatorzième siècle, les rois de