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Dans le partage de l’empire, la principauté d’Athènes et de Thèbes avait été la récompense d’Othon de la Roche, noble guerrier de la Bourgogne[1], avec le titre de grand duc[2], auquel les Latins attribuaient un sens particulier, et dont les Grecs faisaient ridiculement remonter l’origine au siècle de Constantin[3]. Othon suivait les étendards du marquis de Monferrat ; son fils et ses deux petits-fils possédèrent paisiblement le vaste patrimoine qu’il avait acquis par un miracle de conduite ou de fortune[4], jusqu’au moment où l’héritière de cette famille contracta un mariage qui, sans le faire sortir des mains des Fran

  1. Villehardouin le cite longuement en deux endroits (nos 151-235) ; et dans le premier passage, Ducange ajoute tout ce qui a pu être connu de sa personne et de sa famille.
  2. C’est de ces princes latins du quatorzième siècle que Bocace, Chaucer et Shakespeare ont emprunté leur Thésée, duc d’Athènes. Un siècle ignorant applique ses mœurs et son langage aux temps les plus reculés.
  3. Le même Constantin donna un roi à la Sicile, à la Russie un magnus dapifer de l’empire, à Thèbes le primicerius. Ducange (ad Nicéph. Grégor., l. VII, c. 5) traite ces fables absurdes avec le mépris qu’elles méritent. Les Latins appelaient par corruption le seigneur de Thèbes megas kurios ou grand sire.
  4. Quodam miraculo, dit Albéric. Il fut probablement reçu par Michel-le-Choniate, l’archevêque qui avait défendu Athènes contre le tyran Léon Sgurus (Nicétas, in Balduino). Michel était frère de l’historien Nicétas, et son éloge d’Athènes existe encore en manuscrit dans la Bibliothéque Bodléienne (Fabr., Bibl. græc., t. VI, p. 405).