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les nations se réunirent sous la bannière et le nom de la Grande-Compagnie, et trois mille mahométans convertis désertèrent les étendards de l’empereur pour se joindre à cette association militaire. La possession de Gallipoli donnait aux Catalans la facilité d’intercepter le commerce de Constantinople et de la mer Noire, tandis que leurs compagnons ravageaient, des deux côtés de l’Hellespont, les frontières de l’Europe et de l’Asie. Pour prévenir leur approche, les Grecs dévastèrent eux-mêmes tous les environs de Byzance ; les paysans se retirèrent dans la ville avec leurs troupeaux, et égorgèrent en un seul jour tous les animaux qu’ils ne pouvaient ni renfermer ni nourrir. Andronic renouvela quatre fois ses propositions de paix et fut toujours repoussé avec inflexibilité ; mais le manque de provisions et la discorde des chefs forcèrent les Catalans à s’éloigner des bords de l’Hellespont et des environs de la capitale. Après s’être séparés des Turcs, les restes de la grande compagnie continuèrent leur marche à travers la Macédoine et la Thessalie, et cherchèrent un nouvel établissement dans le cœur de la Grèce[1].

  1. Pachymères, dans ses onzième, douzième et treizième livres, fait le récit très-détaillé de la guerre des Catalans jusqu’à l’année 1308. Nicéphore est plus complet et moins diffus (l. VII, 3-6). Ducange, qui regarde ces aventuriers comme Français, a suivi leurs traces avec son exactitude ordinaire (Hist. de C. P., l. VI, c. 22-46) : il cite une histoire d’Aragon que j’ai lue avec plaisir, et que les Espagnols préconisent comme un modèle de style et de composition (Expedicion