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sistance qu’elle lui avait opposée[1]. Il s’excusa de cette violence sur les ressentimens d’une armée victorieuse et irritée, qui aurait méconnu son autorité et peut-être attaqué sa vie, s’il eût prétendu châtier de fidèles soldats justement offensés du refus qu’on faisait de leur accorder le prix convenu de leur service. Les menaces et les plaintes d’Andronic découvraient la faiblesse et la misère de l’Empire. Le monarque n’avait demandé, par sa bulle d’or, que cinq cents cavaliers et mille soldats d’infanterie ; il avait cependant généreusement enrôlé et nourri la foule de volontaires qui étaient accourus dans ses états. Tandis que ses plus braves alliés se contentaient d’une paye de trois bysans d’or par mois, les Catalans recevaient chaque mois une ou même deux onces d’or, et l’on peut évaluer ainsi la paye d’une année à cent livres sterling. Un de leurs chefs avait taxé modestement à trois cent mille écus le prix de ses services futurs, et il était déjà sorti plus d’un million du trésor royal pour l’entretien de ces dispendieux mercenaires. On avait imposé une taxe cruelle sur la récolte des laboureurs ; on avait retranché un tiers des appointemens aux officiers publics, et le titre de la monnaie avait été si honteusement altéré, qu’il ne se trouvait plus que cinq parties d’or pur sur vingt--

  1. On peut se former une idée de la population de ces villes par les trente-six mille habitans de Tralles, qui avait été rebâtie sous le règne précédent, et qui fut ruinée par les Turcs (Pachymères, l. VI, c. 20, 21).