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possédait personnellement que trois pièces d’or, qu’il avait gagnées à copier des psaumes, conserva toute l’indépendance de son caractère, et refusa jusqu’au dernier soupir le pardon imploré par l’empereur[1]. Quelque temps après son départ, Grégoire, évêque d’Andrinople, vint occuper le siége de Byzance ; mais il n’avait pas par lui-même assez d’autorité pour donner à l’absolution de l’empereur toute l’authenticité qu’on pouvait désirer ; Joseph, vénérable moine, remplit cette importante fonction ; cette édifiante cérémonie eut lieu en présence du sénat et du peuple. Au bout de six ans, l’humble pénitent parvint à rentrer dans la communion des fidèles, et il est satisfaisant pour l’humanité de penser que la première condition imposée à l’usurpateur, fut d’adoucir le sort de l’infortuné Lascaris ; mais l’esprit d’Arsène subsistait toujours dans une faction puissante qui s’était formée parmi les moines et le clergé, et qui entretint un schisme de plus de quarante-huit ans. Michel et son fils, respectant leurs scrupules, n’essayèrent de les attaquer qu’avec délicatesse, et la réconciliation des arsénites occupa sérieusement l’état et l’Église. Pleins de la confiance qu’inspire le fanatisme, ils avaient proposé d’éprouver par un miracle la justice de leur cause : on jeta dans un bra-

  1. Pachymères raconte l’exil d’Arsène (l. IV, c. 1-16). Il fut un des commissaires qui le visitèrent dans son île déserte. Le dernier testament de l’inflexible patriarche existe encore. (Dupin, Biblioth. ecclés., t. X, p. 95.)