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et à présider à la restauration de l’Église. Les artifices de Paléologue s’étaient joués long-temps de la pieuse simplicité du prélat, qui se flattait, par sa patience et sa soumission, d’adoucir l’usurpateur et de protéger le jeune empereur. Lorsque Arsène apprit le funeste sort de Lascaris, il se résolut à employer les armes spirituelles, et cette fois la superstition combattit pour la cause de la justice et de l’humanité. [Paléologue est excommunié par le patriarche Arsène. A. D. 1262-1268.]Dans un synode d’évêques animés par son exemple, le patriarche prononça contre Michel une sentence d’excommunication : mais il eut la prudence de continuer à le nommer dans les prières publiques. Les prélats d’Orient n’avaient point adopté les dangereuses maximes de l’ancienne Rome ; ils ne se croyaient point en droit, pour appuyer leurs censures, de déposer les monarques et de délier leurs sujets du serment de fidélité ; mais le criminel, séparé de Dieu et de l’Église, devenait un objet d’horreur, et dans une capitale habitée par des fanatiques turbulens, cette horreur pouvait armer le bras d’un assassin ou exciter une sédition. Paléologue sentit le danger, confessa son crime, et implora la clémence de son juge : le mal était irréparable ; il en avait obtenu le prix, et la rigueur de la pénitence qu’il sollicitait, pouvait effacer la faute et élever le pécheur à la réputation d’un saint ; mais l’inflexible patriarche refusa d’indiquer un moyen d’expiation ou de donner aucun espoir de miséricorde. Il daigna seulement prononcer que pour un si grand crime la réparation devait être forte. « Faut-il, dit Michel,