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ment de l’épée était contraire à la raison d’un peuple civilisé[1], ainsi qu’aux dispositions d’un peuple pusillanime. Le régent s’affectionna les vétérans en assurant la subsistance de leurs veuves et de leurs enfans. Le prêtre et le philosophe applaudirent à son zèle pour le progrès des sciences et la pureté de la religion ; et tous les candidats s’appliquèrent personnellement ses promesses vagues de ne point laisser le mérite sans récompense. Connaissant l’influence du clergé, Michel travailla avec succès à s’assurer les suffrages de cet ordre puissant. Le voyage dispendieux de Nicée à Magnésie, lui en fournit un prétexte honnête. Dans des visites nocturnes, le régent séduisit les prélats par des libéralités, et flatta

    la loi anglaise n’a jamais abrogé l’épreuve par le combat, et les juges l’ordonnèrent encore au commencement du dernier siècle.

  1. Cependant un de mes amis, homme d’esprit, m’a fourni plusieurs motifs qui excusent cette pratique : 1o. elle convenait peut-être à des peuples à peine sortis de la barbarie ; 2o. elle modérait la licence de la guerre entre particuliers, et les fureurs des vengeances arbitraires ; 3o. elle était moins absurde que les épreuves du feu, de l’eau bouillante ou de la croix, qu’elle contribua à abolir. Elle était au moins une preuve de valeur, qualité qui se réunit si rarement avec la bassesse des sentimens, que le danger de l’appel au combat pouvait contenir les poursuites de la malveillance, et devenir une barrière contre l’injustice soutenue du pouvoir. Le brave et malheureux comte de Surrey aurait probablement évité un sort qu’il ne méritait pas, si sa demande de combat n’eût pas été rejetée.