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ragea l’importation des produits de l’industrie étrangère, des soieries du Levant et des manufactures de l’Italie. « Les besoins de la nature, disait Vatacès, sont indispensables à satisfaire, mais le caprice de la mode peut naître et périr en un jour. » Par ces préceptes et son exemple, le sage monarque encourageait la simplicité des mœurs, l’industrie nationale et l’économie domestique. L’éducation de la jeunesse et l’éclat des lettres furent principalement l’objet de ses soins[1] ; et Vatacès disait avec vérité, sans prétendre décider de la préséance, qu’un prince et un philosophe sont les deux plus éminens caractères de la société humaine. Il eut pour première épouse Irène, fille de Théodore Lascaris, plus illustre par son mérite personnel et les vertus de son sexe, que par le sang des Comnène qui coulait dans ses veines, et transmit à son mari ses droits à l’empire. Après la mort de cette princesse, il épousa Anne ou Constance, fille naturelle de l’empereur Frédéric II. Mais comme elle n’avait pas atteint l’âge de puberté, Vatacès reçut dans son lit une Italienne de sa suite. Les charmes ou les artifices de cette concubine obtinrent de la faiblesse de son amant tous les honneurs d’une impératrice, dont il ne lui manqua que le titre. Les moines traitèrent cette faiblesse de crime énorme et damnable ; mais la violence de leurs invectives ne

  1. Μονοι γαρ απαντων ανθρωπων ονομασ‌τοτατοι βασιλευς και φιλοσοφος (Greg. Acropol., c. 32). L’empereur examinait et encourageait, dans ses conversations familières, les études de son futur logothète.