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J’ai eu ce que j’ai dépensé ;
J’ai perdu ce que j’ai laissé.

Mais leurs pertes dans ce sens furent fort supérieures à leurs dons et à leurs dépenses ; et leurs héritiers furent, aussi-bien que les pauvres, l’objet de leurs soins paternels. Les sommes qu’ils payèrent pour droit de prise de possession et saisine attestent la grandeur de leurs biens, et plusieurs des domaines, actuellement possédés par leur famille, y sont depuis le quatorzième et même depuis le treizième siècle. Les Courtenai remplissaient à la guerre le devoir de chevaliers, et en méritèrent les honneurs ; on leur confia souvent la levée et le commandement des milices du Devonshire et de la Cornouailles ; ils suivirent quelquefois leur seigneur suzerain sur les frontières d’Écosse, et servirent quelquefois chez l’étranger, pour un prix convenu, avec une suite de quatre-vingts hommes d’armes et autant d’archers. Ils combattirent sur terre et sur mer avec les Édouard et les Henri. Leur nom paraît avec éclat dans les batailles, les tournois, et dans la première liste des chevaliers de la jarretière. Trois frères de cette famille contribuèrent à la victoire du prince Noir en Espagne. Au bout de six générations, les Courtenai d’Angleterre partageaient la méprisante aversion de leurs compatriotes pour la nation et le pays dont ils tiraient leur origine. Dans la querelle des deux roses, les comtes de Devon prirent le parti de la maison de Lancastre, et trois frères moururent successivement ou sur le champ de bataille ou sur l’échafaud.