Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/16

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sacrifié à l’ambition les douceurs de l’étude et la liberté de la vie séculière. À chaque révolution, le clergé docile cédait, sans hésiter, au souffle de la cour et au signe du souverain ; un synode composé de trois cents évêques était toujours également préparé à célébrer le triomphe du saint, ou à anathématiser la chute de l’exécrable Photius[1] ; et les papes, séduits par des promesses trompeuses de secours ou de récompenses, se laissèrent entraîner à approuver ces opérations diverses, et ratifièrent, par leurs lettres ou par leurs légats, les synodes de Constantinople : mais la cour et le peuple, Ignace et Photius, rejetaient également les prétentions des papes ; on insulta, on emprisonna leurs ministres ; la procession du Saint-Esprit fut oubliée, la Bulgarie annexée pour toujours au trône de Byzance ; et le schisme prolongé par leur censure rigoureuse des ordinations multipliées qu’avait faites un patriarche irrégulier. L’ignorance et la corruption du dixième siècle suspendirent les rapports des deux nations sans adoucir leur inimitié ; mais lorsque l’épée des Normands eut fait rentrer les églises de la Pouille sous la juridiction de Rome, le patriarche, en faisant les derniers adieux à son troupeau, l’avertit, par une

  1. Le synode de Constantinople, tenu en l’an 869, est le huitième des conciles généraux, la dernière assemblée de l’Orient qui ait été reconnue par l’Église romaine. Elle rejette les synodes de Constantinople des années 867 et 879, qui furent cependant également nombreux et bruyans ; mais ils furent favorables à Photius.