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Saint-Louis était la véritable tige de la famille royale[1]. Les Courtenai continuèrent en vain leurs plaintes et leurs réclamations, qui se sont terminées dans ce siècle par la mort du dernier mâle de la famille[2]. Le sentiment de fierté qu’inspire la vertu adoucit la rigueur de leur situation ; ils rejetèrent toujours avec dédain les offres de faveurs et de fortune : un Courtenai, au lit de la mort, aurait sacrifié son fils unique s’il se fût montré capable de renoncer, pour le sort le plus brillant, aux titres et aux droits de prince légitime du sang de France[3].

  1. De Thou exprime ainsi l’opinion des parlemens : Principis nomen nusquam in Galliâ tributum nisi iis qui per mares e regibus nostris originem repetunt : qui nune tantum à Ludovico nono beatæ memoriæ numerantur : nam Cortinæi et Drocenses, à Ludovico crasso genus ducentes hodie inter eos minime recensentur. Cette distinction est plus d’expédient que de justice. La sainteté de Louis IX ne pouvait lui donner aucune prérogative particulière, et tous les descendans de Hugues Capet doivent se trouver compris dans son pacte primitif avec la nation française.
  2. Le dernier mâle de la maison de Courtenai fut Charles Roger, qui mourut en 1730 sans laisser de fils ; la dernière femelle fut Hélène de Courtenai, qui épousa Louis de Baufremont. Son titre de princesse du sang royal de France fut supprimé le 7 février 1737, par un arrêt du parlement de Paris.
  3. L’anecdote singulière à laquelle je fais allusion, se trouve dans le Recueil des Pièces intéressantes et peu connues (Mæstricht, 1786, en quatre vol. in-12) ; et l’éditeur inconnu cite son auteur, qui la tenait d’Hélène de Courtenai, marquise de Beaufremont.