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leur titre paraissait encore si précaire, que chaque monarque croyait nécessaire de faire couronner durant sa vie son fils aîné. Les pairs de France ont maintenu long-temps leur droit de préséance sur les branches cadettes de la maison régnante, et les princes du sang ne jouissaient pas, dans le douzième siècle, de cet éclat répandu aujourd’hui sur les princes les plus éloignés de la succession à la couronne. 2o. Il fallait que les barons de Courtenai fissent grand cas de leur nom, et qu’il fût en grande vénération dans l’opinion publique, pour qu’ils imposassent au fils d’un monarque l’obligation d’adopter, en épousant leur fille, son nom et ses armes pour lui et pour toute sa postérité. Lorsqu’une héritière épouse son inférieur ou même son égal, on exige et on accorde souvent cet échange. Mais en s’éloignant de la tige royale, les descendans de Louis-le-Gros se trouvèrent insensiblement confondus avec les ancêtres de leur mère, et les nouveaux Courtenai méritaient peut-être de perdre les honneurs de leur naissance, auxquels un motif d’intérêt les avait fait renoncer. 3o. La honte fut infiniment plus durable que la récompense, et leur grandeur passagère se termina par une longue obscurité. Le premier fruit de cette union, Pierre de Courtenai, avait épousé, comme je l’ai déjà dit, la sœur des comtes de Flandre, les deux premiers empereurs latins de Constantinople. Il se rendit imprudemment à l’invitation des barons de la Romanie ; ses deux fils, Robert et Baudouin, occupèrent successivement le trône de By-