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qui passèrent, après sa mort, à son troisième fils Renaud ou Réginald. Dans les annales des anciennes familles, on trouve peu d’exemples de génie ou de vertu ; mais l’orgueil de leurs descendans recueille avec soin les traits de rapines ou de violence, pourvu qu’ils annoncent une supériorité de valeur ou de puissance. Un descendant de Renaud de Courtenai devrait rougir du brigand qui dépouilla et emprisonna des marchands, quoiqu’ils eussent payé les droits du roi à Sens et à Orléans ; mais il en tirera vanité, parce que le comte de Champagne, régent du royaume, fut obligé de lever une armée pour le forcer à la restitution[1]. Renaud laissa ses domaines à sa fille aînée, et la donna en mariage au septième fils de Louis-le-Gros, qui en eut un grand nombre d’autres. Il serait naturel de supposer que ce nom va s’élever à la dignité d’un nom royal, [Leur alliance avec la famille royale. A. D. 1150.]que les descendans de Pierre de France et d’Élisabeth de Courtenai jouirent du titre et des honneurs de prince du sang ; mais on négligea long-temps leurs réclamations, et on finit par les rejeter. Les motifs de cette disgrâce comprendront l’histoire de la seconde branche, 1o. Dans les siècles des croisades, la maison royale de France était déjà révérée de l’Orient et de l’Occident. Mais on ne comptait que cinq règnes ou générations depuis Hugues Capet jusqu’à Pierre, et

  1. L’abbé Suger, ministre d’état, raconte d’une manière absurde la rapine et la réparation, dans ses Lettres 114 et 116, qui sont les meilleurs Mémoires du siècle (Duchesne, Scriptor. Hist. Fr., t. IV, p. 530).