Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/153

Cette page a été validée par deux contributeurs.

parent ; ils étaient fils de deux sœurs. Baudouin lui donna en fief une principauté dont il était digne, qu’il sut conserver, et dont le service prouve qu’il était suivi d’un grand nombre de guerriers.

1o. Les comtes d’Édesse. A. D. 1101-1152.

I. Après le départ de son cousin, Josselin fut investi du comté d’Édesse, et régna sur les deux rives de l’Euphrate. La sagesse de son gouvernement durant la paix lui attira un grand nombre de sujets de l’Europe et de la Syrie. Son économie remplit ses magasins de grains, d’huiles et de vins, et ses châteaux de chevaux, d’armes et d’argent. Dans le cours d’une sainte guerre de trente années, Josselin fut alternativement vainqueur et captif ; mais il mourut en soldat, porté dans sa litière à la tête de ses troupes ; et ses derniers regards virent la défaite des Turcs, qui s’étaient fiés sur son âge et ses infirmités. Son fils, successeur de son nom et de ses états, manquait moins de valeur que de vigilance ; mais il oublia quelquefois qu’il faut autant de soins pour conserver un empire que pour en faire la conquête. Le prince d’Édesse défia les forces des Turcs sans s’assurer le secours du prince d’Antioche, et négligea, dans les plaisirs de Turbessel en Syrie[1], la défense de la frontière qui séparait les chrétiens des Turcs au-delà de l’Euphrate. Tandis qu’il était absent, Zenghi, le premier des Atabeks, assiégea et emporta d’assaut Édesse sa capitale, faiblement défendue par une troupe de timides et per-

  1. D’Anville place Turbessel, ou, comme on la nomme aujourd’hui, Telbesher, à vingt-quatre milles du grand passage sur l’Euphrate à Zeugma.